n° 82 Novembre-décembre 2022 MÉDECINS | 1918 | MÉDECINS n° 82 Novembre-décembre 2022
DR MARC BAILLARGEAT, président d Ostéos de France, syndicat professionnel des médecins ostéopathes français
« Depuis 2002, le nombre d ostéopathes a explosé, pour avoisiner aujourd hui le chiffre de 37 000 praticiens en France, dont environ seulement 5 % sont des médecins. Il semble désormais difficile de restreindre cette pratique aux seuls médecins ou d instaurer un numerus clausus, car les non- professionnels de santé ne sont pas remboursés. Nous nous efforçons, pour garantir la sécurité des patients, d agir sur la qualité des formations. Nos travaux au sein de la commission nationale d agrément ont permis de ramener à 30 le nombre d établissements de formation agréés, c est-à-dire de le diviser par plus de deux en dix ans. Nous souhaitons aussi que l Igas effectue des contrôles sur site de ces établissements. »
TÉMOIGNAGE
« Nous nous efforçons d agir sur la qualité des formations »
en complément de la médecine générale ainsi qu à certaines spécialités comme la rhumatologie ou la rééducation fonctionnelle. » Il admet toutefois que la situation est un peu étrange pour les pa- tients qui ne savent pas toujours s ils s adressent à un professionnel de santé, à un médecin ou à un non-professionnel de santé lorsqu ils consultent un ostéopathe. « D autant qu il existe des risques. Seuls les médecins sont autorisés à pratiquer cer- tains gestes en ostéopathie tels que les touchers pelviens, les manipulations du rachis cervical ou encore les manipulations de nourrissons de moins 6 mois. » De même, « seuls les médecins sont habi- lités à effectuer un diagnostic médical », précise le médecin ostéopathe.
Les ni-ni C est surtout lorsqu elles sont pratiquées par des personnes qui ne sont ni médecins ni profession- nels de santé que ces PNCAVT peuvent constituer des dérives et des risques. Pourtant, les offres de formation abondent. La jurisprudence est claire : alors que l acupuncture ne peut être pratiquée que par des membres des professions médicales, mé- decins, chirurgiens-dentistes ou sages-femmes, quelques clics sur Internet suffisent pour identi-
Français sur 10 ont recours aux médecines dites alternatives, dont 60 % parmi les malades du cancer.
4
fier des formations, accessibles dès le baccalau- réat, dont certaines sont même relayées par Pôle emploi. « Malgré les demandes répétées du Cnom auprès du ministère de la Santé, le terme méde- cine n est pas protégé dans le code de la santé publique, et n importe qui peut proposer de la mé- decine chinoise, quantique, holistique ou encore se prétendre quelquechosopathe », déplore Claire Siret. Une porte ouverte à tous les abus.
Des pratiques dangereuses Les pratiques non conventionnelles non validées scientifiquement comme l exercice illégal de la médecine peuvent avoir des conséquences sé- rieuses voire dangereuses pour les patients et
DOSSIER