4 | MÉDECINS n° 77 Janvier-février 2022
ACTUALITÉS
Les répondants ont ainsi témoigné de leur ressenti vis-à-vis de la pandémie Covid-19, de leur expé- rience vis-à-vis de l exercice professionnel et de leurs attentes d un système de santé rénové. Les répondants expriment la fierté (86 %) et le bon- heur (83 %) d être médecins ; pour autant 54 % seu- lement conseilleraient à un jeune d embrasser une carrière médicale. 54 % seulement des étudiants déclarent qu ils conforteraient ce choix d études si celui-ci était à refaire. Cette adhésion au choix initial s érode d autant plus que le médecin sondé est jeune. LA PANDÉMIE : tous médecins confondus, 56 % expriment de la lassitude et 55 % un accomplis- sement professionnel. Les étudiants expriment des sentiments assez différents, decrescendo de la las- situde 68 %, de l anxiété 66 %, de la colère 47 %. Nos confrères ont trouvé très majoritairement un soutien dans leur cercle professionnel : les confrères 83 %, les patients 80 % et les autres professionnels de santé 71 %. Ils jugent plutôt sévèrement le pilotage de la pan- démie par les agences régionales de santé (ARS), considéré comme inefficace dans 50 % des cas. L appréciation de la gestion de la crise sanitaire par l État n est pas plus nuancée, avec une opinion très critique quant à la mise à disposition des moyens de protection individuelle en début de pandémie (25 % de réponses favorables) ou la préservation du par- cours de soins des patients hors Covid-19 (28 % de réponses favorables).
L EXERCICE PROFESSIONNEL : les médecins dé- noncent le manque de temps médical, détérioré ces dernières années pour 80 % d entre eux. Ils avouent ne pas assez avoir de disponibilité pour assurer leur forma- tion continue : 65 %, et même 75 % pour les 35-54 ans. Les confrères souhaitent pour 76 % une « plasticité » de carrière (changement de mode d exercice, de compétence ). Ils livrent par ailleurs le souhait quasi unanime d une réforme du système de santé (96 %), apprécié comme étant encore relativement efficace (61 %), mais dont l équité (52 %) est mise à mal et qui se détériore (79 %).
CAMPAGNE
#Soigner demain : retours sur la grande consultation
Les médecins sont très favorables à la redéfinition des périmètres et des champs de compétences entre professionnels de santé, susceptibles de permettre de retrouver du temps médical (72 %), d améliorer la qua- lité des soins et la prise en charge globale des patients (70 %), d améliorer la coordination entre profession- nels de santé (69 %) et de permettre un meilleur fonc- tionnement global du système de santé (66 %). Pour autant le rôle du médecin généraliste médecin trai- tant le plus souvent n est pas remis en cause, 61 % considérant même qu il est insuffisamment reconnu.
Rééquilibrer la gouvernance au bénéfice des profes- sionnels de santé est affirmé avec force : rééquili- brer les pouvoirs entre Assurance maladie, pouvoirs publics (82 %), davantage associer les médecins hospitaliers à la gouvernance des groupements hospitaliers de territoire (GHT) (75 %), associer les organisations professionnelles à la gouvernance nationale et territoriale (74 %). Le niveau attendu de l organisation territoriale est supra-communal, mais de proximité (intercommu- nalité 22 %, département 28 %), n excédant pas la région (22 %).
74 % des répondants sont insatisfaits de la préven- tion, parent pauvre de la santé publique. Les médecins et les étudiants ainsi questionnés ont affirmé sans détour une demande d évolution de la profession médicale, dans une perspective de réforme exigeante du système de santé.
#Soigner demain : cette grande enquête en ligne portée par le Conseil national de l Ordre des médecins (Cnom) et à laquelle ont répondu 16 800 médecins et étudiants de 3e cycle enregistrés au RPPS entre le 13 octobre et le 30 novembre 2021 est riche d enseignements.
> RETROUVER LES PROPOSITIONS ISSUES DE CETTE ENQUÊTE SUR LE SITE DU CNOM : https://www.conseil-national.medecin.fr/