n° 79 Mai-juin 2022 MÉDECINS | 1716 | MÉDECINS n° 79 Mai-juin 2022
LE POINT SUR
EN 2021, LA COUVERTURE TERRITORIALE S EST DÉGRADÉE
Texte : Éric Allermoz
Selon la 19e enquête annuelle du Cnom, le manque de médecins volontaires pénalise le fonctionnement de la permanence des soins ambulatoires. De quoi relancer le débat sur l obligation de garde ? C
omme chaque année, le Cnom a interrogé les conseils départementaux sur l évolution de la permanence des soins ambulatoires (PDSA) et les problématiques qu ils ren- contrent.
Les résultats de l enquête ne sont pas encourageants. Après une évolution favorable impulsée par la crise sanitaire en 2020, le taux de participation des mé- decins généralistes à la PDSA est reparti à la baisse : on ne compte que 38,5 % de médecins volontaires en 2021 (- 0,8 %). Ils étaient 67 % en 2014 ! En cause, la baisse de la démographie médicale, qui réduit le vivier disponible. Mais aussi un « désengage- ment » des médecins libéraux, en lien avec l évolution sociétale qui accorde une plus grande place à la vie privée. La régulation médicale attire quant à elle un peu plus sous l effet de la crise de la Covid.
Aucune évolution en Ehpad Sur le terrain, ce fléchissement entraîne des réper- cussions. Le nombre de territoires couverts par la PDSA se réduit au gré des resectorisations. Autre signe de dégradation, les secteurs couverts par un faible nombre de médecins effecteurs (moins de 5 ou moins de 10) progressent. Dans son enquête, le Cnom regrette également le statu quo sur l organi- sation de la PDSA en Ehpad, un sujet pourtant capi- tal. Enfin, l extension des horaires au samedi matin n a pas évolué aussi favorablement que souhaité. En revanche, le développement des sites dédiés à la permanence des soins s est poursuivi en 2021, avec trois nouveaux départements qui ont un ou plusieurs sites dédiés.
Les recommandations des CDOM Face à ces constats, les CDOM avancent des pistes d amélioration. Parmi celles-ci figurent notamment des mesures financières incitatives, la mise en place de dispositifs de transport des patients et d effec- teurs mobiles pour les patients non mobilisables, l extension de la PDSA au samedi matin, l usage de la télémédecine, la création de dispositifs spécifiques aux prises en charge en Ehpad, etc.
PERMANENCE DE SOINS AMBULATOIRES
Nous devons impulser une nouvelle dynamique à la permanence des soins ambulatoires. La rémunération de l effection est bien sûr l un des freins à l engagement des médecins. Il faut aussi garantir leur sécurité. Car l objectif, c est d aider les patients, désengorger les urgences et favoriser l accès aux soins. Selon moi, le rétablissement de l obligation de garde serait contre-productif. Cette mesure risquerait d être mal perçue, d alimenter encore la désaffection vis-à-vis de la médecine générale et de l installation en libéral, même dans des zones attractives. Il y a une réflexion à mener sur l aménagement des horaires. Cela fait des années que l enquête du Cnom rappelle que le samedi matin doit être inclus dans la PDSA. Il faut une plus grande flexibilité : la majorité des appels sont reçus en fin de journée, en début de soirée. Au lieu des permanences de 20 heures à minuit, les tranches 19 h-23 h ou 18 h 30-22 h 30 seraient plus adaptées.
« L obligation de garde risque d être mal perçue »
LE POINT DE VUE DE L ORDRE
DR RENÉ-PIERRE LABARRIÈRE, président de la Commission nationale de la permanence des soins et de l aide médicale urgente du Cnom.
+ D INFOS L enquête sur l état des lieux de la PDSA est à lire sur le site Internet du Cnom : www.conseil-national. medecin.fr/sites/default/files/external-package/analyse_ etude/1uhurvh/cnom_rapport_pdsa_2021.pdf