n° 79 Mai-juin 2022 MÉDECINS | 2524 | MÉDECINS n° 79 Mai-juin 2022
DOSSIER
31 juillet 1991 C est dans cette loi hospitalière que l on trouve pour la première fois un chapitre sur les droits du malade accueilli dans un établissement de santé.
1994 Les lois bioéthique relatives au respect du corps humain affirment le droit à la dignité.
27 juillet 1990 La loi relative aux droits des personnes hospitalisées en raison de troubles mentaux et à leurs conditions d hospitalisation affirme le droit à la dignité et le droit à l information.
9 juin 1999 La loi visant à garantir l accès aux soins palliatifs affirme que la personne malade peut s opposer à toute investigation ou à toute thérapeutique.
DR LUCAS REYNAUD, médecin urgentiste, syndicat Jeunes Médecins Auvergne-Rhône-Alpes
J ai appris cette loi sur les bancs de la fac, en 2010, en première année de médecine. On nous enseigne la fin du paternalisme médical grâce à la loi Kouchner, avec un nouveau modèle de décision partagée avec le patient. Sur le terrain, aux urgences, le colloque singulier est mis à mal par nos conditions de travail. Le grand nombre de patients, les difficultés d exercice et les situations d urgence font que le colloque singulier est de plus en plus difficile. D autant que les moments calmes aux urgences, ça n existe plus. Quand vous sortez de 24 heures de garde aux urgences, parfois seul, vous n avez pas toujours envie de revenir. D autant que le compagnonnage se perd à l hôpital. Nos aînés ne nous délaissent pas volontairement, mais ils n ont plus le temps. Après l externat, on se retrouve seul très rapidement en service, et on a besoin d expérience pour annoncer une mauvaise nouvelle par exemple. L hôpital public manque de compagnonnage, c est une vraie perte. Cela se répercute sur l échange que nous avons avec les patients. La relation médecin-malade est fondamentale, elle passe par le non-verbal, le toucher. Tous les apports du numérique ne vont pas remplacer cette relation fondamentale. Elle est mise à mal par un manque de moyens, des difficultés de terrain. On a tout à gagner à éduquer la population et à retrouver du temps médical.
TÉMOIGNAGE
« La relation médecin-malade est fondamentale »
CLAUDE EVIN, ancien ministre, ancien député, auteur et rapporteur de la loi, avocat au barreau de Paris
Je suis très sensible à l expression des professionnels sur la complexité de la relation de soin. Mais la nécessité d informer le patient, de faire qu il soit acteur de sa santé, n est pas une contrainte. C est une démarche nécessaire d adhésion du patient à la démarche thérapeutique. La question du temps pose des difficultés. Cependant, il faut veiller à l application de ces droits. Il faut en connaître les raisons et les motivations. Les professionnels de santé ont besoin de bien identifier ce qu est ce droit à l information. Quand un médecin généraliste donne à un patient une lettre cachetée pour un autre médecin, il ne respecte pas l autonomie de la personne. Le patient a le droit de savoir ce que son médecin porte comme appréciation sur son état de santé. L un des motifs d insatisfaction de la loi du 4 mars, c est la question du traitement des différends entre patients et professionnels. La relation médecin- patient est particulière, il y a une démarche de confiance qui n existe pas d autres types de relation. Quand cette relation de confiance est cassée, nous n avons pas de procédure adaptée. Le temps est venu d introduire de vrais mécanismes de médiation entre les professionnels et les patients pour que le dialogue qui s est rompu puisse être renoué. Les relations entre les patients et les médecins ont évolué depuis 20 ans. Mais les principes fondamentaux qui ont prévalu à cette loi du 4 mars 2002 doivent rester présents dans cette relation.
TÉMOIGNAGE
« Le temps est venu d introduire de vrais mécanismes de médiation entre les professionnels et les patients »