32 | MÉDECINS n° 78 Mars-avril 2022
PORTRAIT
«M on parcours de médecin militaire débute en 1994, lorsque j entre à la fac en ayant fait le choix de passer le concours de l école
de santé des armées de Lyon. Très rapi- dement, au cours de mes études, un tro- pisme sur l urgence se dessine. L image que je me fais de mon futur métier, c est l opérationnel, la proximité probable avec des blessés de guerre et les conditions extrêmes d exercice. J oriente alors mes stages vers la réanimation ou auprès des spécialités médicales qui me confrontent aux domaines de l urgence : responsabilité, choix, prise de décision dans des situations complexes. Idem pour l internat. En 2004, je termine mes études et j intègre un régiment de l armée de terre basé en Al- lemagne. Puis, pour me perfectionner, je me forme au gré de mes différentes affecta- tions. J obtiens une capacité de médecine d urgence au CHU de Strasbourg en 2008. Lorsque je rentre en France à cette date, je prends des gardes en plus de mon travail au SAMU du Mans et je suis des cours à la faculté d Angers sur la prise en charge du polytraumatisé sévère. C est avec ce bagage opérationnel et uni- versitaire que je rejoins les forces spéciales d un régiment dans la région de Bordeaux. Je participe à une dizaine de missions dont les durées varient de quatre à six mois. J y exerce une activité de médecin généraliste corrélée à une activité d urgentiste quand c est nécessaire. Chaque mission m a pro- fondément marqué pour différentes rai-
PARCOURS
1994 Entre à l école du service de santé des armées de Lyon-Bron.
sons. Par exemple, en Guyane, en 2006, qui n était pas une opération extérieure très engagée militairement parlant mais qui fut une façon d aller s aguerrir dans un milieu exigeant physiquement, techniquement et psychologiquement. Notre façon de réagir dans des conditions extrêmes n est pas du tout celle que l on peut imaginer C est un extraordinaire moyen d apprendre sur soi- même, dans le domaine de la rusticité ou sur sa capacité à se débrouiller avec très peu de moyens. Avec l expérience, on m a proposé de re- joindre l état-major du commandement des opérations spéciales à Paris pour pla- nifier et conduire le soutien médical des opérations. Mes objectifs étaient simples : s assurer pour chaque opération que le concept de soutien médical est cohérent avec le niveau de risque ou les moyens dont le médecin dispose sur place, puis organi- ser les évacuations sanitaires éventuelles des blessés vers la France. Actuellement, je travaille à la Direction centrale de santé des armées, dans une division « anticipation et stratégie ». C est très stimulant mais le ter- rain me manque parce qu il ne ment jamais et qu il force les médecins à rester ancrés dans la réalité. Mais je suis fier de ne pas avoir renoncé à l engagement que j ai pris à 18 ans, malgré le fait que les formes d exer- cice du métier de médecin militaire varient beaucoup au cours de la carrière et que les contraintes liées à l engagement dans les armées peuvent parfois être lourdes. Un seul mot d ordre : servir. »
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Nicolas Zeller Médecin militaire, auteur de l ouvrage « Corps et âme, un médecin des forces spéciales témoigne ».
« MA VOCATION : RENDRE SERVICE À MON PAYS »
Texte : Sophie Wlodarczak | Photo : DR
2004 Intègre un régiment de l armée de terre en Allemagne.
2006 Part en mission de courte durée en Guyane.
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2017 Rejoint l état-major du commandement des opérations spéciales à Paris puis la Direction centrale de santé des armées.
+ D INFOS Retrouvez le livre de Nicolas Zeller dans la rubrique Culture du Bulletin n° 77 : ecatalogue-access. com/ordre-national- des-medecins/77/d/ index.html?hybrid=1 &from=https%3A% 2F%2Fecatalogue- access.com%2Fordre- national-des- medecins%2F77%2F#/ page/10