RÉFLEXIONS
QUEL ACCOMPAGNEMENT PROPOSER À UN JEUNE QUI EST PASSÉ À L ACTE ?
énéralement, s il y a eu passage à l acte, il y a eu hospitalisation. Cela permet au jeune de
s éloigner d une situation difficile, procurant un certain apaisement. Une évaluation est réalisée à cette occasion. Elle permet d apporter les réponses les plus adaptées à la situation, considérée là encore dans sa globalité. La prise en charge est pluriprofessionnelle. Et il ne s agit pas forcément que du jeune. Des thérapies familiales peuvent ainsi être proposées. Tout dépend de l évaluation et de ce qui est accep- té par l enfant ou l adolescent, et par sa famille. Les différences se jouent sur l intensité et sur la nature du suivi : en hôpital de jour, en CMPP, par des psychiatres ou des psycho- logues en ville, par un infirmier, un médecin traitant, un médecin sco- laire Le choix se fait également en fonction des ressources dispo- nibles sur le territoire. L important, c est que la démarche de soin soit coordonnée, dans le respect des missions de chacun. L idée est de donner au jeune toutes les res- sources dont il a besoin. Il faut essayer d être dans la prévention de la récidive du geste suicidaire, la protection, l aller-vers.
ucun passage à l acte ne doit être pris à la légère, même si l adolescent n a pris que trois comprimés.
Il ne faut jamais donner l impres- sion de banaliser un acte suici- daire ou un comportement dan- gereux, surtout devant la per- sonne. Tout geste, quel qu il soit, est grave car il y a un risque de récidive. Il existe le dispositif VigilanS, qui est de plus en plus implanté. Lorsque quelqu un est vu aux urgences pour un geste suici- daire, il est rappelé ensuite pour s assurer qu il va bien. Il est possible de mettre en place un plan de ges- tion de crise avec l adolescent. L idée, c est de voir avec lui quelles actions mettre en place si les idées suicidaires ou la situation qui les a provoquées reviennent. Ce peut être aller voir l infirmière scolaire, parler à un adulte de confiance Les ado- lescents accordent beaucoup de crédit à leur médecin traitant. On peut ainsi travailler sur la capacité à demander de l aide, notamment avec les garçons qui y sont moins enclins. Il est important d expliquer aux jeunes, et aux gens qui s en occupent, que c est une force d être capable de demander de l aide. Des associations peuvent également avoir un rôle de soutien.
G A
Pr Jean- Philippe Raynaud
i la problématique identi- fiée lors du dépistage est en cours, il faut essayer de proposer une orientation
vers un professionnel ou une struc- ture adaptée (CMP Ado). Mais comme celui-ci se fait généralement à l occasion d une consultation ayant un autre objet, l idéal est de fixer un nouveau rendez-vous au jeune, seul, assez proche dans le temps, en lui expliquant : « Avec ce que tu me dis, je me fais du souci. » Le but est de discuter davantage de ses difficultés. Si la situation évoquée est plus ancienne, il faut le noter dans le dossier médical, car cet antécédent n est pas anodin, et lui proposer d en reparler. En effet, il existe souvent une vulnérabilité et ils sont exposés à la récidive. Cependant, souvent, l adolescent élude le problème et le médecin généraliste a un sentiment d impuis- sance. Mais en ayant pu échanger sur ce sujet, ou même seulement en ayant entendu un adulte s inquiéter de sa détresse, tout à coup, l ado- lescent ne se sent plus seul avec son problème. Et cela est déjà thérapeu- tique. Par ailleurs, point n est besoin de faire des consultations longues. L important est de répéter le contact. En médecine générale, on n a pas le temps, mais on a la durée.
S
Pr Philippe Binder
Dr Anne-Marie Trarieux
DES JEUX DANGEREUX RÉVÉLATEURS
Les comportements à risque font partie des signaux qui doivent alerter sur un éventuel mal-être. Parmi eux, il y a les jeux dangereux. L un des plus connus est sans doute le « jeu du foulard », qui consiste à se faire hyperventiler avant de se priver d oxygène. Ces dernières années, des défis pouvant mettre en danger ceux qui les relèvent ont été relayés sur les réseaux sociaux. En mai dernier, le gouvernement a mis en garde contre le « Labello challenge ». Le principe ? Se filmer en train de mettre du baume à lèvres chaque jour ou à chaque contrariété et mettre fin à ses jours lorsque le tube est arrivé à sa fin.
n° 81 Sept.-oct. 2022 MÉDECINS | 15