n° 81 Sept.-oct. 2022 MÉDECINS | 98 | MÉDECINS n° 81 Sept.-oct. 2022
LE POINT SUR
Texte : Hortense Lasbleis
1 009 incidents ont été rapportés par des médecins tout au long de l année dernière, a indiqué fin juillet l Observatoire de la sécurité. Un chiffre qui confirme une tendance à la hausse des agressions contre les professionnels de santé.
C réé en 2003, l Observatoire de la sécurité des médecins rend compte chaque année du nombre d agressions subies par les pro- fessionnels de santé. Les résultats pour 2021 ont été publiés le 26 juillet 2022. Les
praticiens ont signalé 1 009 incidents, repassant la barre symbolique des 1 000 agressions, franchie pour la première fois en 2017. Depuis, seule l an- née 2020 était en dessous (955), ce qui s explique sans doute par les confinements. La tendance est clairement à la hausse depuis les débuts de l Ob- servatoire, où 638 incidents avaient été déclarés.
Et ces chiffres ne sont que la « partie visible de l iceberg », rappelle le Dr Jean-Jacques Avrane, membre de l Ordre. En effet, les incidents ayant lieu à l hôpital ou aux urgences sont très peu déclarés à l Observatoire.
Les agressions physiques représentent 9 % des événements rapportés par les médecins, au plus haut depuis 2015. 16 agressions avec armes (à feu pour trois d entre elles) ont été recensées. Les vols (ou tentatives) ont plutôt tendance à diminuer, mais les agressions verbales et les menaces, elles, aug- mentent depuis 2016 (de 61 % à 70 %).
S ils ne sont pas majoritaires (6 %), de nouveaux mo- tifs d incidents ont fait leur apparition avec la crise sanitaire du fait du refus de règles comme le port du masque ou la vaccination. En novembre, à Or- léans, une médecin généraliste a ainsi dû s enfermer dans son cabinet jusqu à l arrivée de la police. Trois personnes voulaient s en prendre à elle après une discussion houleuse avec une patiente au sujet de la vaccination anti-Covid. Des cabinets médicaux, des centres de vaccination ont été la cible de tags injurieux et menaçants, et certains soignants ont été harcelés pour leur lutte contre la Covid-19.
Face à une situation inquiétante en 2021, l Ordre rappelle ses actions de soutien et de prévention, dans l intérêt de tous. Car, pour reprendre les mots du Dr Jean-Jacques Avrane, « lorsque les méde- cins sont attaqués, in fine, ce sont les patients qui souffrent ».
SÉCURITÉ
68 % des médecins, malgré une agression verbale, ne portent pas plainte. 36 % des médecins qui ont subi une agression physique ne portent pas plainte. C est souvent parce qu ils ne veulent pas dénouer le lien qui les unit à leurs patients. Mais ne rien faire, ne rien dire, c est certainement permettre que cette insécurité perdure et même augmente. Nous demandons à l ensemble des praticiens français de porter plainte quand ils subissent une agression de manière à agir avec eux, nous mettre à leurs côtés et également pouvoir discuter avec les autorités responsables afin d améliorer la sécurité de nos confrères. Dans chaque département se trouvent des référents sécurité. Le but est de fournir une aide aux praticiens au moment de l agression, mais aussi de pouvoir anticiper l incident.
« Nous demandons aux médecins de porter plainte »
LE POINT DE VUE DE L ORDRE
JEAN-JACQUES AVRANE, délégué à l Observatoire de la sécurité des médecins au Cnom
LES RÉSULTATS DE L OBSERVATOIRE DE LA SÉCURITÉ DES MÉDECINS 2021