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n° 82 Novembre-décembre 2022 MÉDECINS | 1514 | MÉDECINS n° 82 Novembre-décembre 2022

RÉFLEXIONS

QU EST-CE QUI EXPLIQUE, SELON VOUS, QUE LA LOI ACTUELLE SOIT MÉCONNUE ET SI MAL APPLIQUÉE ?

e le disais précédem- ment : ces dernières années ont été mar- quées par une plus

grande médicalisation de la fin de vie. Mais cette médicalisation s est doublée d une séparation progres- sive entre la médecine de soins pal- liatifs et le reste de la communau- té médicale, dans un contexte de tension hospitalière qui n a rien arrangé. Nous constatons que la loi Claeys-Leonetti demeure encore largement méconnue non seulement du grand public, mais aussi d une part importante des soignants. C est ce qui explique pour partie le fait qu il est encore difficile d accompagner les fins de vie en Ehpad et quasi impossible de le faire au domicile. Je pense qu une des priorités, dans les mesures qui vont être décidées, devrait être de restaurer un continuum tout au long du parcours des patients, jusqu à l ultime étape.

es professionnels de santé demeurent encore trop peu formés aux volets relatifs aux soins

palliatifs et à la fin de vie : il convient d adapter nos mesures de sensibi- lisation et de formation tant initiale que continue. La transmission des informations relatives aux droits des personnes et aux conditions d expression et de recueil de leurs volontés n est pas encore assez connue et nécessite le dévelop- pement d une véritable culture palliative. L appropriation des sujets liés à la fin de vie par la société civile est également nécessaire pour mieux anticiper et pour renforcer l autonomie décisionnelle de chaque citoyen. C est dans cet objectif qu une campagne de communica- tion sera prochainement lancée avec l appui du Centre national des soins palliatifs et de la fin de vie.

J L

Agnès Firmin Le Bodo

ujourd hui, certaines spé- cialités médicales se sont complètement approprié la loi. Je pense d abord à

tous ceux qui sont, de par leurs acti- vités, plus en contact avec la mort que les autres, qu ils soient urgen- tistes, réanimateurs, cancérologues, neurologues Malheureusement, je constate qu il n en va pas toujours de même pour les médecins géné- ralistes, dont les patients décèdent de plus en plus à l hôpital et qui demeurent très marqués par une culture du soin aigu, par une méde- cine prométhéenne de combat très loin de la médecine d accompagne- ment et de la culture du soin chro- nique que la loi de 2016 suppose. C est un sujet de réflexion important pour notre profession, qui devrait être abordé plus en profondeur dans les cursus de formation. Bien sûr, la culture médicale ne fera pas tout : les insuffisances de la prise en charge à domicile demeurent criantes, sans parler des 26 dépar- tements sans unité de soins pallia- tifs ! Il faudrait à tout le moins encourager les hôpitaux à s engager dans ce type de développements, au besoin en faisant de la présence des lits de soins un critère de labellisation

A

Jean Leonetti

Jean-François Delfraissy

our nous, acteurs du soin palliatif, c est une loi du quotidien. Mais c est en fait une loi assez complexe : c est quoi, l obstination déraisonnable ? À quel moment arrêter le traitement ? Quelles sont les pratiques sédatives à mettre en œuvre ? Tout cela ne s improvise pas : on ne peut pas se contenter

du texte de loi et espérer qu il soit appliqué. Par ailleurs, les moyens sont loin d être à la hauteur des besoins : le plan de développement actuel des soins palliatifs fait état de 170 millions d euros sur 4 ans, ça fait 2,50 euros par Français, c est négli- geable ! Et que dire des 7 heures de formation que reçoivent en moyenne les étudiants en médecine sur ce sujet ? Au printemps dernier, la SFAP a proposé à plusieurs sociétés savantes vie de mettre en place un travail commun de réflexion et de proposition pour proposer des mesures d évolution pour l accompagnement de la fin de vie. Nos propo- sitions seront rendues d ici à janvier pour alimenter les travaux de la convention citoyenne.

PClaire Fourcade

Ordre national des médecins - n°82Ordre national des médecins - n°82Ordre national des médecins - n°82Ordre national des médecins - n°82Ordre national des médecins - n°82Ordre national des médecins - n°82Ordre national des médecins - n°82Ordre national des médecins - n°82Ordre national des médecins - n°82Ordre national des médecins - n°82Ordre national des médecins - n°82Ordre national des médecins - n°82Ordre national des médecins - n°82Ordre national des médecins - n°82Ordre national des médecins - n°82Ordre national des médecins - n°82Ordre national des médecins - n°82Ordre national des médecins - n°82Ordre national des médecins - n°82Ordre national des médecins - n°82Ordre national des médecins - n°82Ordre national des médecins - n°82Ordre national des médecins - n°82Ordre national des médecins - n°82Ordre national des médecins - n°82Ordre national des médecins - n°82Ordre national des médecins - n°82Ordre national des médecins - n°82Ordre national des médecins - n°82Ordre national des médecins - n°82Ordre national des médecins - n°82Ordre national des médecins - n°82
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