RÉFLEXIONS
n° 74 Juillet-Août 2021 MÉDECINS | 17
QUELLES PISTES PRÉCONISEZ-VOUS POUR AMÉLIORER ET PÉRENNISER LA TÉLÉCONSULTATION ?
our accompagner en toute sécurité l essor de la télémédecine, pourquoi ne pas s inspirer des ser-
vices d accès aux soins (SAS), expé- rimentés depuis le début 2021 sur 22 sites pilotes en France. Il s agirait de plateformes téléphoniques médicalisées dédiées à la télécon- sultation et chargées d évaluer l urgence médicale, d orienter et de guider le patient soit vers une téléconsultation, soit une consul- tation en réel avec le médecin ou encore vers les urgences. Quelles que soient les solutions à venir, l im- plication des usagers sera primor- diale, à toutes les étapes depuis la création jusqu à l évaluation d un modèle de prise en charge des patients. Enfin, pour généraliser cette pratique, l éducation à la santé doit aider les futurs patients à mettre des mots sur leurs maux. Il est aussi nécessaire d améliorer la formation des professionnels de santé à la télémédecine et à l écoute.
l existe déjà de nom- breux garde-fous déon- tologiques et juridiques pour garantir une utili-
sation raisonnée de la téléconsul- tation. L avenant n° 6 à la conven- tion médicale prévoit par exemple que la téléconsultation ne soit prise en charge par l Assurance maladie que lorsqu elle est effec- tuée dans le cadre du parcours de soins. Le Cnom rappelle que la téléconsultation doit rester ponc- tuelle, répondre à une demande mutuelle du médecin traitant et de son patient. Autrement dit, un médecin ne peut prendre en charge un patient qu il ne connaît pas au préalable, sans possibilité de procéder à un examen clinique chaque fois que cela est souhaitable. Sans aucun ancrage territorial ni aucune connaissance du tissu sanitaire et médico-social. Sans se préoccuper de son parcours de soins et sans apporter une garantie que la continuité des soins sera assurée. La prise en charge de patients exclusivement en télécon- sultation porte atteinte aux exi- gences déontologiques de qualité, de sécurité et de continuité des soins. Une première plainte déposée en avril 2021 par la famille d un patient décédé après une télécon- sultation qui n aurait pas établi le bon diagnostic en est la triste illus- tration. La praticienne concernée n était son médecin traitant.
P
I Gérard
Raymond
Pr Stéphane Oustric
n santé, les nouvelles tech- nologies doivent servir les usages. Concernant la téléconsultation, les
patients comme les médecins doivent le plus possible être affran- chis de certaines contingences techniques qui « alourdissent » l uti- lisation de la solution logicielle. Les industriels travaillent à l amélio- ration de l ergonomie des solutions et on ne peut que les encourager à poursuivre dans cette voie. De notre côté, nous travaillons à sim- plifier l utilisation des logiciels par le professionnel de santé. Nous proposons par exemple une solution en mobilité, la e-CPS, qui permet- tra au médecin, grâce à son smart- phone, d accéder à son service où qu il soit. Nous œuvrons également à développer l interopérabilité des systèmes d information de santé, qui concourt à éviter la saisie mul- tiple d informations par les profes- sionnels de santé. Nul ne doute que la téléconsultation s est désormais durablement installée dans la panoplie d offre de soins à desti- nation des usagers de santé.
E
Annie Prévot