n° 74 Juillet-Août 2021 MÉDECINS | 2322 | MÉDECINS n° 74 Juillet-Août 2021
DOSSIER
DR PIERRE-MARIE COQUET, médecin généraliste à la MSP de Liberté et président de la CPTS du Val de Sambre, toutes deux à Maubeuge (59)
Nous attendons encore les décrets d application de l ordonnance relative aux communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) et aux maisons de santé (MSP), mais ce texte offre la possibilité à nos structures de salarier plus facilement des professionnels, soignants ou non, pour nous aider. Gérer une CPTS ou une MSP, c est comme gérer une PME : cela nécessite des compétences que nous n avons pas forcément en tant que médecins : ressources humaines, secrétariat, gestion de projets Certains préfèrent les déléguer pour ne pas perdre de temps médical. Cela devient d autant plus nécessaire quand les entités grossissent. Ainsi, quand notre maison de santé s est associée à d autres médecins, travaillant ailleurs sur le territoire, pour constituer une société interprofessionnelle de soins ambulatoires (SISA), cela devenait complexe à gérer seuls. Nous avons recruté une secrétaire de direction RH et une assistante administrative. De la même façon, la CPTS est une vraie entreprise : 120 professionnels de santé s y coordonnent pour améliorer l accès aux soins et la qualité de la prise en charge de toute une population, y compris des personnes qui ne consultent jamais. Ensemble, nous avons initié de nombreux projets : dépistage de cancers, prévention des chutes auprès des personnes âgées, consultations tabac, éducation thérapeutique pour patients diabétiques, médiation pour aider les patients à trouver un médecin traitant, etc. Nous n aurions pas pu organiser tout cela sans une coordinatrice CPTS. C est un métier à part entière !
TÉMOIGNAGE
« Les médecins n ont pas forcément les compétences »
Hôpitaux de proximité : des établissements ancrés sur leur territoire Une autre ordonnance, datée elle aussi du 12 mai 2021, concerne la labellisation, la gouvernance et le fonctionnement des hôpitaux de proximité. Il s agit de l ordonnance n° 2021-582 et de son décret d ap- plication, le décret n° 2021-586. Instaurés par la loi de 2019, les hôpitaux de proximité auront pour but de garantir aux habitants des territoires l accès à un médecin traitant et à certains spécialistes aux- quels ont couramment recours ceux qui ont des difficultés à se déplacer, comme les personnes âgées ou à mobilité réduite. On y trouvera des gé- néralistes mais aussi des consultations avancées de spécialistes exerçant au centre hospitalier de la région (des gériatres, un service de soins de suite et de réadaptation, voire un service d urgences et un service pour les soins non programmés, des activités périnatales ou des soins palliatifs). Les nouveaux textes lancent le dispositif, puisqu ils précisent comment seront labellisés ces établis- sements : dans le cadre d une démarche volontaire et à l appréciation du directeur général de l agence régionale de santé (ARS). Pour être labellisé, l hôpi- tal de proximité doit montrer qu il est bien ancré sur son territoire et qu il y constitue un réel trait d union entre le secteur hospitalier et la médecine de ville. Il doit mener des projets communs, innovants et dé- cloisonnés, avec les autres acteurs de santé locaux, notamment avec les CPTS et les maisons de santé. À cette fin, il aura même la possibilité d ouvrir ses
instances décisionnelles à des personnalités exté- rieures. En échange des missions qu ils rempliront pour répondre aux besoins exprimés par les terri- toires, les hôpitaux de proximité recevront une do- tation annuelle garantie, qui contribuera à sécuriser leur financement. Le gouvernement espère en voir fleurir plus de 500 d ici à 2022.
HAD : une activité de soins autonome et reconnue Dernière des trois ordonnances du 12 mai 2021 : la n° 2021-583, portant modification du régime des autorisations d activités de soins et des équipe- ments matériels lourds. Elle vise à renforcer les