n° 74 Juillet-Août 2021 MÉDECINS | 76 | MÉDECINS n° 74 Juillet-Août 2021
ACTUALITÉS
L Ordre des médecins vient de pu- blier son nouvel atlas de la démo- graphie médicale, lui aussi mar- qué par la pandémie.
L étude de la démographie médi- cale actualisée au 1er janvier 2021 ne met pas en évidence de fléchis- sement notable de la démogra- phie par rapport aux années pré- cédentes. La crise de la pandémie Covid-19 ne permet pas d avoir le recul nécessaire pour mesurer de façon robuste l impact de la démo- graphie médicale. Cette pandémie inédite, qui a bouleversé notre vie tant privée que professionnelle, a pu avoir des conséquences du- rables et objectivables sur le par- cours professionnel des médecins. Des critères d évaluation exhaus- tifs, étudiés sous le prisme des modes d exercice, du choix des spécialités pour les jeunes méde- cins, de la mesure de l attractivi- té nouvelle de certains territoires pourraient à l aune d une évalua- tion mettre en perspective l évo- lution des pratiques au-delà des considérations démographiques.
Féminisation Pour la première fois de l histoire de la médecine, l année 2020 consa- crera la féminisation majoritaire de notre profession, avec 58 % de femmes nouvellement inscrites en activité régulière et une part de femmes médecins en activité régulière qui continue de progres- ser (+ 49,8 % au 1er janvier et une progression moyenne annuelle de 1 % par an).
Activité La dernière décennie marque la stagnation du nombre de méde-
cins en activité régulière : 200 045 en 2010, 198 090 au 1er janvier 2021. Pendant la même période, le nombre de médecins en activité intermittente et de médecins en cumul emploi-retraite a doublé, de 15 618 à 33 833. Cette augmenta- tion est due en premier lieu à une forte croissance des effectifs de médecins retraités conservant une activité (+ 217 %). Cependant, le nombre de ces médecins retrai- tés actifs est appelé à diminuer progressivement ces prochaines années du fait du numerus clau- sus mis en place en 1972, et qui est devenu de plus en plus restrictif les vingt années qui ont suivi. Ces données tendent à confirmer l hypothèse que la démographie médicale évoluera peu d ici à 2028. Selon les méthodes de recense- ment, la décennie en cours verra se poursuivre une stagnation voire un fléchissement modéré de la démo- graphie médicale précédant une forte expansion programmée (du corps médical), sous l effet asso- cié du départ d un faible nombre de médecins, conséquence du numerus clausus très serré des années 80-90 (abaissé jusqu à 3 500/an) et de l essor du nombre de futurs médecins (numerus
apertus remplaçant le fameux nu- merus clausus, avec les prochaines années plus de 10 000 étudiants en médecine nouveaux par an).
Enseignements Ce constat mérite de s arrêter au moins sur trois points : Le sort inégal de la démographie médicale selon que les médecins (inscrits au tableau de l Ordre) exercent une spécialité chirurgi- cale, de médecine générale ou une spécialité médicale autre que la médecine générale : la densité (non standardisée) des médecins gé- néralistes a baissé sur le territoire national de 13,1 % entre 2010 et 2021, alors que celle des médecins ayant une autre spécialité médi- cale n a fléchi que de 1,6 % et celle des spécialités chirurgicales a pro- gressé de 3,8 %. L exercice libéral a fortement reculé au bénéfice de l exercice salarié : au 1er janvier 2021, sur l ensemble des médecins en exer- cice régulier, l exercice salarié re- présentait 47,7 % des médecins, l exercice libéral 41,8 %, l exercice mixte 10,5 %. Les effectifs de médecins libéraux en activité ré- gulière ont ainsi reculé de 10,9 % sur la période 2010-2021, bien da-
DÉMOGRAPHIE MÉDICALE
Un bilan contrasté
DR JEAN FRANÇOIS GÉRARD-VARET président de la Commission des Études Statistiques et de l Atlas au Cnom